mardi 6 avril 2010

Définir une nouvelle économie de proximité

Le concept de proximité fonderait-il un « nouveau modèle de société » susceptible de répondre aux attentes collectives en matière économique, sociale ou environnementale ? Cette construction se ferait-elle en opposition ou en complément de la notion de mondialisation ? Est-elle à la hauteur des objectifs d’amélioration des conditions de vie à l’échelle d’un espace ?

Présentée vertueuse, la proximité contribuerait à l’amélioration du cadre de vie permettant de disposer « à portée de main » d’un travail et de l’ensemble des biens et services sur un espace territorial pertinent. Elle apparaîtrait également comme une solution face à la stigmatisation des transports des biens au regard de leur émission en CO2.

L'ancrage territorial

De fait, la notion « proximité » s’appuie sur une image de résistance face aux aspects négatifs du développement de la mondialisation, portée à travers la lutte contre les délocalisations, le dumping social et « l’économie anonyme ».

Au-delà même d’une économie qui serait stratégiquement présente, là et seulement là où sont les bassins de vie les plus importants, l’économie de proximité est investie d’une mission d’ « ancrage territorial », en particulier dans les zones délaissées.
S’il paraît acquis que l’obligation de maillage local appartient à la sphère des services d’intérêt généraux (SIG) au sens communautaire du terme, la question de cette mission assurée par le reste de l’économie marchande demeure.

Ainsi, pour l’artisanat, le concept d’économie de proximité « se place en opposition ou en complémentarité à l’économie mondialisée afin de défendre une cohérence entre les lieux de vie, les lieux de travail et les lieux de consommation ».

Ce concept n’est pas sans générer des écueils. En premier lieu, une construction en opposition à la notion de mondialisation ferait l’impasse sur une économie de service et de commerce de proximité assise sur une production mondialisée (matière première pour l’alimentation et la construction, produits manufacturés…). En second lieu, on ne peut que constater que les fleurons de l’économie mondialisée (Equipement de la maison, automobile, restauration rapide,…) assurent dans les faits, en France, un important maillage territorial.

Le circuit court

Autre approche plus radicale de l’économie de proximité est celle du circuit court, espèce du genre.
Un exemple est donné par des acteurs de la production agricole, tenants de la diversification des exploitations agricoles en faveur de la vente directe ou des activités de premières transformations. Cette stratégie de l’agriculture porte tout à la fois sur la relocalisation de la production agricole et agroalimentaire tout en structurant une offre alternative à la grande distribution.
Renforçant le lien entre producteurs et consommateurs, les circuits courts riment donc avec le développement d'une « gouvernance alimentaire » à l'échelle des territoires ».
Cependant, la solidité de cette vision n’exclut pas, selon des experts en bilan carbone, que la tomate bretonne ou le bœuf Limousin aient une empreinte carbone supérieure pour une consommation en France à la tomate marocaine ou à la viande d’Amérique du sud !

Une autre mise en œuvre concrète est celle de la démarche d’autarcie énergétique portée par Beckerich, petite ville du duché de Luxembourg, laquelle défend son expérience de vingt ans.
Ce mouvement de valorisation des richesses locales est également celui porté à travers l’organisation du championnat des EnR dédié aux communes. Cette action s’appuie sur l’idée développée par le Comité des Régions de l’UE qui souligne « le besoin d'unir les forces des échelons locaux et régionaux, étant donné que la gouvernance à multiples niveaux est un outil efficace pour améliorer la portée des actions contre le changement climatique »

La gestion des distances et les nouvelles technologies de proximité

Au-delà de l’ancrage territorial et des circuits courts, l’enjeu se situe également sur la capacité à gérer le « facteur distance », à travers la réduction du désenclavement, l’amélioration de la mobilité des personnes en zone à faible densité et le développement des TIC par la dématérialisation, le télétravail, la FOAD ou encore le commerce par correspondance. Pariant sur l’essor des « nouvelles technologies de proximité », il est intéressant de rappeler que Claude Chappe, l’inventeur du télégraphe aérien estimait en 1793 qu’il allait « dissoudre le territoire » et « réduire la France à un point ».

Le tissu économique territorial

De manière globale, l’enjeu de la proximité est d’intégrer la dimension économique dans le cadre des actions de développement des territoires.

A ce niveau, la réflexion impose un nécessaire positionnement au regard de la mondialisation. Sans consacrer l’« opposition frontale », ce sont alors les questions de relocalisation ou de réindustrialisation des activités qui reviennent au cœur des débats, sur fond stratégique du « made in » national ou local mené par les opérateurs économiques.

Pour l’action des politiques publiques, les « clusters» sont présentés comme permettant de concilier les logiques de compétitivités des entreprises assises sur le développement économique des territoires. Ainsi, l’accent a été mis depuis 1998 sur le développement des systèmes productifs locaux, puis en 2005, sur les pôles de compétitivité.
Cette année, le Ministère de l’espace rural et de l’aménagement du Territoire lance un appel à projets pour le soutien des dynamiques exemplaires de grappes d’entreprises.

L’appel à contribution de France développement local

France développement local souhaite mettre à profit les prochains mois qui viennent pour dresser les critères tangibles de l’économie de proximité dans le cadre d’appels à contribution.

Note de synthèse: Erwan Charpentier

dimanche 4 avril 2010

Agir Local, Blog de France développement local


Agir Local est le blog de France développement local, think tank ayant vocation à réunir l’ensemble des parties prenantes, collectivités locales, acteurs économiques et sociaux du développement local.